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7 mai 2006 7 07 /05 /mai /2006 20:04

Réflexion à partir de la lecture de : J.-P. Fitoussi (IEP/OFCE) et P. Rosanvallon (EHESS), Le nouvel âge des inégalités, Seuil, 1996 " démocratie et populisme ", p. 206 et suiv.

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La perte de confiance et la déception du peuple pour ses institutions et ses politiques ont engendré deux phénomènes pervers : 1° une gradation dans la désertion citoyenne, puisqu’on est passé de l’abandon des urnes à une situation schizophrène* où s’alternent des impulsions subites et des états de prostration ; 2° un populisme effréné. Ce jeu de substitutions ne fait pas qu’ébranler nos institutions, il ouvre la porte au populisme qui, tout en faisant le procès de la machinerie de l’Etat et de sa représentativité, valorise la démocratie participative et l’action directe. Si l’idéologie populiste encourage le peuple a formé un bloc uni contre l’apathie de l’Etat, c’est bien pour édifier un mur contre la réforme ou le changement. Fomentant la crise sociale, le populisme est à l’origine du mythe de l’Etat incapable et coupable, de la thèse du déclin de l’Europe, et alimente la déception et la revendication populaire, sans chercher à savoir où leur action peut conduire.

Sous l’argument que la démocratie est le droit du peuple à s’auto-déterminer, la démocratie populiste, schizophrène, a fini par écraser la démocratie politique au profit de la revendication tout azimut. Soyons clairs, ce à quoi nous assistons est une falsification de la démocratie, à un faux mouvement vers l’émancipation, à un débat populaire (télévisé) sans argumentation intellectuelle structurée, finalement sans proposition ni solution (ce qui est le propre d’un débat construit). La critique populiste est devenue un argument qui se suffit à lui-même, parce qu’en louant le vitalisme du peuple, il caresse l’affectivité du schizophrène et enlève toute résistance quand le jour venu, celui-ci glissera son bulletin de vote dans l’urne-du-vrai-déclin en croyant faire œuvre démocratique.

*Schizophrénie : Maladie mentale caractérisée par des troubles graves de l’affectivité, par une coupure brusque d’avec le réel, qui fait que, plongé dans un monde de fantasmes, le sujet se néglige, s’abandonne au désespoir et cède à des impulsions subites.

 

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