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12 mars 2021 5 12 /03 /mars /2021 09:42

Des milliers de mégalithes phalliques jalonnent le sud de l’Éthiopie - document ARTE

https://www.arte.tv/fr/videos/080100-000-A/ethiopie-le-mystere-des-megalithes/

 

 

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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 17:18

Un complexe mégalithique daté de 10000 à 9000 avant J.-C. (Age de pierre), qui aurait servi de lieu de regroupement pour des cérémonies rituelles et de lieu d’échanges à des populations dispersées de chasseurs-cueilleurs, a été mis à découvert sur la colline de Gobekli Tepe en Turquie. On y découvre un complexe de trois zones circulaires, un système graphique, des figures de déités anthropomorphiques et des monolithiques de plus de 5 mètres.

Plusieurs questions se posent :

Ces symboles ont été retrouvés sur des tablettes de pierre et sur des redresseurs de hampes de flèches provenant de sites contemporains du nord de la Mésopotamie. Il reste à la recherche archéologique à vérifier si la « communauté de culte » préagricole de Göbekli Tepe, capable de diffuser très rapidement des innovations, a également servi de moteur à l’émergence de l’agriculture nourricière.

-Est-ce l'agriculture ou le culte religieux qui a sédentarisé les hommes ?

-Faut-il voir dans la dominance de ces déités anthropomorphiques la domination de l'homme sur la nature ?

-Pourquoi le site a-t-il été recouvert artificiellement ?

Göbekli Tepe, le plus ancien templeGöbekli Tepe, le plus ancien templeGöbekli Tepe, le plus ancien temple
Göbekli Tepe, le plus ancien templeGöbekli Tepe, le plus ancien templeGöbekli Tepe, le plus ancien temple
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19 octobre 2009 1 19 /10 /octobre /2009 15:00
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14 avril 2009 2 14 /04 /avril /2009 19:12

Sur Rue89 : "Les galères des « intellos précaires », prolos du savoir" http://www.rue89.com/cabinet-de-lecture/2009/04/14/les-galeres-des-intellos-precaires-prolos-du-savoir (extraits)

"Anne et Marine Rambach mettent à jour leur portrait des chercheurs, profs, journalistes… sous-payés et surexploités.

"2001 : Anne et Marine Rambach publient le plaidoyer « Les Intellos précaires » (Fayard) et donnent une existence concrète à un OVNI social : cette masse de pigistes, auteurs, nègres, salariés en contrat à durée déterminée, en contrat emploi-solidarité, chercheurs indépendants, professeurs vacataires, infirmières sans hôpital fixe. Un mutant sous-payé, qui doit survivre et cumuler plusieurs emplois. Comme tous les précaires, il échappe à toutes les classifications. Comme les Rambach, éditrices bénévoles, auteurs de livres et dorénavant scénaristes télé.

"2008 : c'est chez Stock qu'est publié la deuxième manche. « Les Nouveaux Intellos précaires » est écrit de façon aussi enlevée que le premier. Et passe en revue l'évolution du travail dans les secteurs de la presse, de l'édition, de la recherche, de l'Education et de la culture. Pour un constat accablant : la précarité de cette « nébuleuse de travailleurs de l'intellect qui partagent un certain sort dans le monde du travail contemporain » s'est aggravée. Et les syndicats et les partis de gauche ne se sont toujours pas vraiment emparés du sujet. « Excessivement libéraux, excessivement marginaux » L'intello précaire, c'est la victoire du libéralisme, le rêve du Medef. Mais c'est aussi une des plus belles preuves de la survie de l'individu devant la barbarie libérale : « Excessivement libéraux pour les analystes de gauche car ils se livrent à une concurrence sauvage dans un environnement largement déréglé, excessivement marginaux pour les analystes de droite qui voient en eux d'abord des opposants à la sacro-sainte culture d'entreprise. » L'intello précaire est une excroissance du système en même temps qu'un antidote. Saviez-vous que 50% des RMIstes parisiens exerçaient une activité artistique ou intellectuelle ? C'est une des infos en or du livre, dont les plus grands mérites sont d'être précis, clairs et pour autant ne pas céder à la pleurnicherie."

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17 novembre 2007 6 17 /11 /novembre /2007 12:39

L'archive ouverte en Sciences de l'Homme et de la Société (HAL - SHS) (Hyper Article en Ligne - Sciences de l'Homme et de la Société) publie une enquête sur le recrutement des jeunes docteurs dans le secteur privé : http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/18/61/98/PDF/07062.pdf.

--> Réalisée sur 1246 jeunes docteurs, elle montre l'importance des expériences professionnelles durant le doctorat dans l'accès à l'emploi, et la pénalisation du choix de la recherche dans l'enseignement supérieur. Le constat est sans surprise : le docteurs sont largement minoritaires dans les effectifs des entreprises, y compris dans le secteur industriel.

 

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3 mars 2007 6 03 /03 /mars /2007 16:51
Point de vue sur "Faire le Jour" : Un sondage établit une carte de France des croyants et des athées
 

AFP 28.02.07 | Un sondage Ifop auprès de plus de 90.000 Français pour l’hebdomadaire La Vie à paraître jeudi dessine la carte des croyants et des athées et montre que le catholicisme reste la religion de 64 % de Français, loin devant l’islam avec 3 %, les sans religion étant plus de 27 %. Ce sondage s’est bâti sur plusieurs enquêtes réalisées entre 2003 et 2006 autour d’une seule question : "de quelle religion vous sentez-vous le plus proche ?". D’emblée, 27,6% de la population se déclarent sans religion, ce qui place les athées en deuxième position derrière les catholiques. Près de deux Français sur trois (64 %) se disent proches" du catholicisme, qui est la seule religion à se répartir sur tout le territoire (47% minimum par département). Elle conserve deux bastions, dans l’Est et l’Ouest. Loin derrière figurent les Français se disant proches de la religion musulmane, qui sont 3% en moyenne avec quelques départements où ils dépassent les 6%, en banlieue parisienne (Seine-St-Denis, Val-de-Marne, Val d’Oise), dans le Haut-Rhin, la Loire ou encore l’Eure-et-Loir. Vient ensuite la religion protestante (2,1%), qui conserve quelques places fortes comme le Bas-Rhin, le Territoire de Belfort, le Doubs, la Drôme, le Gard ou le Lot. Enfin, le judaïsme apparaît en dernière position des grandes religions monothéistes avec 0,6% des Français s’en disant proches, dont la moitié réside en Ile-de-France. Sondage comportant 91 enquêtes réalisées sur la période 2003/2006 auprès d’échantillons de 1.000 personnes représentatifs de la population française, selon la méthode des quotas.

Commentaire FLJ : Remarquons que les hommes et femmes politiques qui nous gouvernent (ou qui aspirent à nous gouverner) ne s’intéressent jamais à 27% des Français, ceux qui ne se sentent proches d’aucune religion (et qui d’ailleurs ne sont pas forcément athées). Les politiques ne se préoccupent que des plus agités, des plus revendicatifs, des plus communautaristes, des plus menaçants. Sachant que sur les 64% de Français qui se sentent proches du catholicisme, la plupart ne le sont que par tradition familiale et non par conviction (8% d’entre eux sont des catholiques convaincus et pratiquants réguliers d’après les sondages récents), il serait peut-être temps que les pouvoirs publics accordent un peu d’intérêt à ceux qui représentent, en réalité, une majorité : les non-croyants.

 


 

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20 août 2006 7 20 /08 /août /2006 19:23

 de l’esprit des nations

" Trois choses influent sans cesse sur l’esprit des hommes : le climat, le gouvernement et la religion ; c’est la seule manière d’expliquer l’énigme de ce monde ", écrit Voltaire dans l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, à quoi il faudrait ajouter un quatrième élément : les discours médiatiques des philosophes publics (1).

Qu’est-ce que l’esprit public déterminé par les superstitions et les discours médiatiques ? C’est un ralliement de tous les hommes, analyse Voltaire, pour lesquels les idées véhiculées par la majorité sont forcément vraies. Ainsi, il a suffi que les hommes aient collectivement peur du tonnerre pour attribuer ses fracas à un être supérieur, et faire de cet être supérieur une vérité irrévocable parce qu’elle était partagée par tous.

Sur quoi se fondent ces opinions communes ? " Les hommes adoptent les mêmes vérités et les mêmes erreurs dans les choses qui tombent le plus sous les sens et qui frappent le plus l’imagination. "

de l’esprit des républiques démocratiques

Pourtant, dans l’espace européen actuel, plus policé et plus raisonné - peut-on penser, plus démocratique que le furent les nations auscultées par Voltaire, à tout le moins jouissant d’une libre expression de tous dans un espace de prise de parole de plus en plus large (dont ce blog profite), l’opinion publique n’a-t-elle en partage qu’une vérité unique et irrévocable ? Qu’est-ce qui la garantit de l’erreur ? Et sur quelles " preuves " se fonde-t-elle ? A contrario, la diversité des opinions, a priori possible dans une république démocratique, ne devrait-elle pas nous protéger contre la pensée unique ?

Malgré la libre expression, la citoyenneté participative et la diversité au moins ethnique, l’esprit public français est toujours doté d’une pensée unique, restreinte, fausse comme toute idée se présentant comme unique et comme vérité, tant dans son discours que dans ses représentations. A l’image de la France forte et conquérante symbolisée par les mythes des grands hommes communément admise depuis les premiers temps des conquêtes coloniales sous le règne de Louis XIV et le colbertisme, s’est substituée dans l’esprit public une autre image, celle d’une France affaiblie et fragmentée. Cette image frappe assurément l’imagination et même tombe sous le sens quand les médias, les hommes politiques et les intellectuels, tous ensemble chantent l’oraison funèbre d’un Etat nation.

Cette opinion, légitimée par des situations personnelles précaires, devient un constat et souvent une explication consensuelle. Or ce constat jette plus qu’une esquisse pathétique qui frappe les sens, il met en suspens la raison par sa sublimité même (tel est l’effet primordial de l’image) en apportant à l’opinion publique une façon de penser sans réfléchir.

de la philosophie et de l’opinion publiques

On pensait pouvoir compter sur la critique des intellectuels, surtout des philosophes qui se placent dans la logique de la raison pour ne pas laisser l’opinion publique voguer sur la pensée unique, pour ne pas laisser les hommes publics brandir une " vérité " unique et la soumettre à l’opinion publique, pour ne pas l’illustrer d’images et de formules facilement accessibles parce qu’elles ne demandent qu’un faible effort de compréhension.

Mais les philosophes publics, médiatiques, ont oublié leur combat contre les prophètes aux idées simplistes et fausses, nouvel opium de l’esprit des nations. Parmi ces images qui se profilent au moyen d’expressions floues mais qui font mouche comme : la crise de la représentativité, la crise des institutions, la crise de la démocratie, on remarque leur effet thérapeutique, le plus souvent lénifiant. En apportant un semblant d’argument, mais suffisant large pour recevoir toutes les opinions, ces formules fleuves permettent à tous de fendre les flots de l’opinion publique réduite à sa plus faible expression.

(1) L’histoire qui avait rendu compte des hauts faits des princes au détriment d’une analyse des idées qui fondent l’esprit d’une nation ouvre la voie, avec Voltaire, à la philosophie de l’histoire, autrement dit à une analyse des imageries et des représentations communes.

(2) soma ou opium.

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2 août 2006 3 02 /08 /août /2006 19:17

Le cri d’Esther Benbassa au nom des juifs de la diaspora, édition du Monde du 02.08.06, lisible sur le site : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-800111,0.html

 

Voici trois extraits de " Arrêtons le carnage ! " :

" Regarder les choses en face ne revient pas à apporter son soutien au Hamas ou au Hezbollah ni à oublier ce qu'ils sont. Pour Israël, se battre pour sa sécurité est incontestablement un impératif. Mais s'inscrire dans la logique du combat contre l'"axe du Mal" était une gageure. Ce credo américain, d'inspiration religieuse, a échoué en Irak. Et maintenant il mène Israël, qui s'érige en défenseur de la "civilisation occidentale", dans l'impasse. "

……………………….

" Pays d'un peuple qui a connu les horreurs de la seconde guerre mondiale, des déportations, des déplacements de populations, Israël ne peut se permettre de continuer comme il le fait, au nom de la raison d'Etat. Et nous, juifs de la diaspora, nous n'avons pas le droit de nous taire devant la catastrophe humanitaire qu'engendre cette guerre. Soutenir Israël ne consiste pas à s'aveugler sur toutes ses erreurs, mais à le critiquer lorsqu'il s'égare. "

……………………….

" Nous, juifs de la diaspora, qui aurons également à subir les retombées de cette guerre par une hostilité diffuse mais non moins active, nous ne pouvons porter ce poids. Il est encore temps d'y mettre un terme par un cessez-le-feu immédiat avec échange de prisonniers, avant qu'Israël ne s'enlise durablement et que le nombre des civils tués et blessés n'augmente encore de tous côtés.

Les Etats-Unis n'ont pas su jouer leur rôle et ont tardé à agir, s'imaginant qu'Israël achèverait rapidement "leur" mission sur place. Appelons donc à la rescousse toutes les nations capables de s'interposer, s'il en est. "

 

Perspectives :

1.Lire aussi des extraits d’un de ses articles que j’ai mis en ligne dans : Edgar Morin 

2.E. Benbassa (EPHE) a organisé avec JC Attias (EPHE) au printemps dernier des tables rondes dans le cadre des " Grands débats contemporains : la nouvelle critique sociale ", diffusés cet été sur France Culture : http://www.radiofrance.fr

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16 juillet 2006 7 16 /07 /juillet /2006 13:43

 

" Le pire est la manie que nous avons de décrire une maladie sociale jusqu’à l’épuisement du détail, pour proposer ensuite une drogue sociale. " Chesterton, Ce qui cloche dans le monde, 1910

Depuis vingt-cinq ans, les violences urbaines (nouvelle expression médiatiquement correcte pour parler de la délinquance* juvénile (délictuelle ou criminelle**) sont auscultées sous différentes facettes. Surévaluées par les communautés religieuses qui les dévient pour servir leur revendication, surmédiatisées par les médias en quête de catastrophes, brandies par les extrémistes, elles sont en revanche déniées par les socialistes pour qui la baisse du taux de chômage suffirait à diminuer les violences (L. Jospin) – or les années 90 ont montré quels dangers naissaient d’un paralogisme de bonne foi.

Sous l’impulsion des études sociologico-scientifiques-de-terrain, chacun a utilisé son déterminant social pour expliquer les violences : perte de repères, concentration des communautés, démission parentale, chômage, impunité et laxisme des institutions judiciaires…. Et l’Etat a y répondu diversement avec : la police de proximité, la réhabilitation des zones urbaines, l’aide aux collèges défavorisés et aux associations de proximité, les projets d’insertion (" 2nde chance " sous le ministère de la justice), les bourses au mérite (Sc. Po Paris)… Aussi le constat est-il dur à accepter : la violence autrefois marginale non seulement s’est accrue, mais elle s’est étendue au-delà des banlieues, s’est généralisée dans une classe d’âge de plus en plus jeune, et est devenue " gratuite ".

Autrefois bornées aux banlieues, les " violences urbaines " paraissaient explicables, voire légitimes, au point que le parti soixante-huitard parla, cet automne, de " révolte urbaine ", c’est-à-dire un mouvement organisé et un tant soit peu logique comme le furent les brigades rouges, les révoltes estudiantines de 68, etc. Or, le constat que la violence s’est immiscée dans toutes les couches de la société, parmi les enfants et les adolescents, en dépit de l’origine, du quartier ou de l’établissement scolaire fréquenté, fait éclater ces déterminants qui confinaient la violence à un lieu et à un groupe social. La violence, devenue intrinsèque à une génération, a donc d’autres causes que ces expressions-baudruches comme celle-ci : " perte de repères ". Quelles sont-elles ?

Je ne saurais le dire ; je devine en revanche ce que cache l’" ordre républicain " proclamé ici et là : un programme lourd de sens qui pourrait ouvrir la boîte de Pandore à toutes sortes de dérive : autoritarisme, rigorisme, de toutes les façons un retour à l’autorité de l’Etat (policier, judiciaire, militaire). Réprimer une certaine partie de la population, c’est bien la tendance qui se dégage des sondages et des discours politiques des deux candidats potentiels. Or, il est à craindre que nul n’endiguera la violence en s’attaquant de manière autoritaire aux faits de violence circonscrits à quelques individus.

Si, comme l’écrit Nietzsche dans Humain, trop humain, un peuple civilisé et fatigué n’a d’autre moyen de s’ébranler que par des retours momentanés à la barbarie, il nous revient de trouver les moyens de sortir de cette lassitude par un autre ordre que moral, mais par " l’ordre artistique " qui agence subtilement des concepts de paix et de liberté (voir le chap. 188, Par-delà bien et mal).

 

*Délinquance : du verbe lat. delinquere, " commettre une faute ". La délinquance (pendant juvénile de la plèbe virile) est considérée aujourd’hui sur le plan social. Parler de délits et de crimes juvéniles permettrait peut-être de sortir du carcan social qui n’explique plus la violence.

**Délit et crime : en droit pénal, le délit est une infraction, jugée par une juridiction correctionnelle ; et, le crime est une infraction grave à la loi, jugée par une juridiction criminelle.

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12 mai 2006 5 12 /05 /mai /2006 16:48

extrait d’un dialogue impromptu entre H et CL

 

CL - Angoisse ? Peur ? De quoi avons-nous peur ?

H - Ce qui importe de définir ce n’est pas ce qui nous effraye et nous angoisse, attendu que l’angoisse se nourrit de l’attente d’un événement ou d’un objet souvent imaginaire, mais c’est de savoir comment nous y remédions individuellement et collectivement. Dans La Peur en Occident (Fayard, 1978), Jean Delumeau analyse les différents types de peur et les réactions qui leur sont inhérentes. Je la compléterai avec les pistes webériennes (notamment textes recueillis dans Max Weber, Sociologie des religions, Gallimard). Si l’on part d’une réalité factuelle et contemporaine pour remonter par induction à l’origine des peurs urbaines, une typologie des peurs apparaît, classée en quatre catégories :

l’agression, l’insécurité, l’abandon, la mort.

Il ne s’agit pas ici des peurs spontanées (des émotions-chocs), mais des peurs sociales, soit réfléchies, soit collectives, soit permanentes ou cycliques, celles qui étreignent toute une structure sociale, voire les sociétés occidentales dans leur globalité.

- Que vient faire l’agression dans cette typologie ? L’agression ne détermine-t-elle pas la peur de l’agressé non de l’agresseur ?

- Il existe une angoisse de l’agression comme une angoisse de l’insécurité, de l’abandon et de la mort, or chacune de ces angoisses suscite un sentiment respectif :

le ressentiment, la haine, la culpabilité, la souffrance.

 

Typologie des peurs

Catégories

AGRESSION

INSECURITE

ABANDON

MORT

Symboles

Cosmiques (cataclysmes)

Bestiaire (loups, dragons)

Maléfiques (fouets, cercueils)

Agressifs (diables, bourreaux)

Sentiments

Ressentiment

Haine

Culpabilité

Souffrance

Croyances

Ethique du devoir

Religion

Théodicée du bonheur (droit au bonheur)

Théodicée de la mort (sublimation de la mort)

Champs narratifs

Factuel

(objet à narrer)

Nominatif

(objet à nommer)

Chamaps humains

Général (universel)

Social (propre à un groupe social)

Existentiel (propre à la personne)

Métaphysique (propre aux idées)

Types d’ascèse

ou de

Salut-délivrance

     

  1. action dans le monde : 1.1. négative : fuite, destruction, expiation 1.2. positive : fraternité, solidarité

     

     

  2. contemplation : 2.1. mystique 2.2. introspection : remords, repentir, névrose

Par exemple, l’insécurité suscite la haine de l’autre et a recours à la parole religieuse pour se délivrer de cette peur. Autre exemple, l’angoisse de l’agression ou d’être la victime d’une disette, d’un cataclysme, provoque un ressentiment qui est le produit de sentiments refoulés éprouvés par des êtres bornés condamnés à travailler et à gagner leur pain.

Un tremblement de terre suscite un ressentiment, tels les cataclysmes qu’a connu notre société, dont le raz-de-marée en Indonésie et le tremblement de terre au Pakistan. Les attentats terroristes à New York ont ébranlé les consciences au point que les médias relaient l’idée d’une " nouvelle donne internationale " sans que l’on établisse les éléments d’aucune restructuration, sinon une recrudescence des peurs.

- Quel type de peur a suscité cet attentat ?

- Une peur névrotique a traversé tous les champs narratifs et humains : factuel et limité à un lieu, l’événement a pénétré dans toutes les consciences planétaires. L’objet, lui, a été doublement nommé sous le nom d’un organisme de terroristes et sous un concept abstrait qu’a été le " terrorisme islamique ". L’humanité a alors eu peur de ses concepts, comme elle avait eu peur des idéologies communistes.

- Peut-on parler dans ce cas précis de peur collective et irréfléchie ?

- Abstraite et collective, la peur du terrorisme a dû l’être, mais on ne peut pas précisément parler de peur irréfléchie dès lors qu’elle a été organisée par les états occidentaux et américains, de la même manière que l’église avait prêché le salut par les croisades pour répondre aux peurs eschatologiques et millénaristes. Les sociétés modernes, climatiques, ont également un univers où la réalité côtoie le merveilleux morbide dans des danses macabres où la Mort porte non plus une faulx mais une ceinture de dynamites, où le Diable a quitté les cornes pour le turban et les sorcières les potions pour le voile.

- Qu’en est-il du ressentiment après un raz-de-marée ?

- Dans le tableau, c’est une autre peur, une peur cosmique. Or ce ressentiment a été conjuré par ce que Weber a appelé " l’éthique du devoir ". Il l’explique comme l’engagement à agir dans le monde, et non plus à rester passif dans une sphère privée. A l’opposé, le cas des révoltes urbaines illustrent les peurs liées à l’insécurité et à l’abandon. Les sentiments comme la haine et la culpabilité forment un autre type d’angoisse qui plonge la société dans un refus du monde et la dramatisation des jeux sociaux en surdéterminant la souffrance. Au final, il n’y a qu’un pas à faire entre la fuite et la mort, ou bien le refus et la destruction.

Les peurs s’imbriquent et s’entremêlent quelle que soit notre quête, qu’elle soit éthique, sociale, existentielle ou métaphysique.

- Quel que soit le type de délivrance recherchée, l’humanité ne finit-elle pas par fuir ?

- Il faut mettre plutôt l’accent sur le choix conscient de la meilleure délivrance, si possible dans l’action positive. Ainsi les peurs sont des moteurs de l’action ou du refus, c’est-à-dire en langage factuel de la haine de l’autre, du communautarisme, des guerres fratricides, de l’ostracisme des étrangers.

- Mais qu’en est-il des intérêts économiques et politiques qui prédominent tout : les guerres, les relations sociales ?

- Il ne serait pas raisonnable de faire reposer le monde sur les épaules d’un Atlas tenant debout grâce aux peurs obsidionales uniquement, de la même façon il est abusif de s’en remettre à la théorie du complot politique ne serait-ce que parce qu’il désunit le peuple et les institutions, et parce qu’il donne raison aux poltrons qui diabolisent les gouvernements. Il est donc peu raisonnable d’affirmer que la peur du terrorisme est organisée par les politiques. Bien plutôt, les sociétés autant que les gouvernements sont responsables de leurs peurs. La théorie sur les peurs constituantes des mentalités a pour seul objectif de responsabiliser les hommes d’hier et d’aujourd’hui.

- Pourquoi un cataclysme ne suscite-t-il pas de la haine ?

- Un cataclysme appartient au collectif et au factuel, et sa cause est aléatoire à moins de nommer le mal ou Satan ; et même il ne suffit pas de nommer Satan pour diriger l’action vers un objet déterminé : ses ambassadeurs sur terre, c’est-à-dire les sorciers et les impies, valent mieux car ils sont des cibles humaines et donc accessibles. Il y a peu, le ressentiment après le cataclysme n’ayant pas d’objet s’est atténué dans l’action caritative. En revanche, les trois autres catégories de peur : l’insécurité, l’abandon, la mort tombent dans le champ du nominatif à chaque fois que les zélateurs et les prosélytes nomment leur origine : le loup, l’étranger, le diable, le tyran, le bourreau.

On passe alors des peurs cosmiques et factuelles aux peurs sociales et théologiques déterminées par leur objet. Et celle-ci engage l’homme soit vers la contemplation mystique avec une mise en valeur de la théodicée du bonheur, soit vers l’introspection conduisant aux remords, à la peur de soi ou au repentir, voire à la névrose, soit à l’expiation, autrement dit à la purification.

 - Peut-on aujourd’hui associer ces trois peurs : l’insécurité, l’abandon, la mort ?

- De même que les sociétés du moyen âge qui, au moyen d’autres symboles, d’autres discours, se délivraient de leurs angoisses par la contemplation eschatologique et l’action des croisés pour répondre aux peurs millénaristes, l’homme est toujours en proie à ce que Weber appelait une ascèse : une contemplation ou une action.

- Ces symboles : le loup, le dragon, le fouet, pouvons-nous en avoir peur ?

- Nous avons nos propres symboles comme les sociétés anciennes avaient les leurs : le loup est la métaphore de l’étranger dangereux, le fouet celui des régimes tyranniques, voire des lois coercitives, enfin le libéralisme et la mondialisation sont des formes diaboliques. Nous avons donc aussi nos loups, nos fouets et nos diables. Nous aussi nous avons nos propres peurs que nous radicalisons dans une quête de la promotion et de la pacification, et que nous croyons atténuer dans quelque culte. Notre société atteste d’un changement de statut : l’agressé devient l’agresseur après un temps où il s’est complu à jouer la victime. L’homme est bien un loup pour l’homme, et s’il n’est aujourd’hui que soumis ou agressé en raison de ses peurs, à son tour il se fera loup un jour, c’est une question de temps et de contexte.

- Tout cela à cause de ses peurs ?

- Ne croyez-vous pas qu’elles expliquent en partie la haine de l’homme pour son prochain, la haine du monde, de la vie, de soi-même ?

- Mais les contemplatifs sont-ils plus heureux que les angoissés ?

- Ne sont-ils pas angoissés eux-mêmes quand ils projettent leurs espoirs dans le miroir du bonheur ? S’ils sont pacifiques en apparence, leur fuite est le symptôme d’une culpabilité, d’un mal être, probablement d’une indifférence. Enfin, s’en remettre à la loi du bonheur, c’est croire enfin qu’on fait partie des rares élus. Et cette croyance ne se construit-elle pas sur la haine des faibles et des infidèles ?

 

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